Art textile contemporain entre mémoire, matière et émotion
Mon travail artistique exprime ces deux forces contraires, à la fois une extrême fragilité et la force de cette fragilité née de la même texture.

Art textile contemporain entre mémoire, matière et émotion.
Mon travail artistique exprime ces deux forces contraires, à la fois une extrême fragilité et la force de cette fragilité née de la même texture.
Soumiya Jalal
La Révélation De L’œuvre Tissée
De l’opacité des fibres naturelles qu’elle récolte, aux galets de plages qu’elle ramasse,
Soumiya Jalal puise ses inspirations lors de ses voyages dont elle nourrit son œuvre.
Inlassablement, elle cherche à expérimenter sur son tissage de nouvelles textures.
Chacune des pièces uniques qu’elle produit est une célébration.
Elle invite volontiers aux caresses de son travail, parfois à la contemplation, admirative
elle-même du rendu final dont elle chuchotera l’origine… complice.
Opacités, transparences, entrecoupées de quelques stridences viennent troubler la
souplesse de la trame régulière de ses créations. Parfois, une découpe au ciseau, un
arrêt, un élément rigide, une application supplémentaire pour une forme improbable,
s’introduisent par efraction dans un tissage sobre. La chaine reçoit un nœud ou un
supplément pour former un rond « japonais » ou un jour ou encore une boucle laissée
en suspens, qu’elle travaillera plus tard, une fois l’étoffe achevée.
La chaine et la trame se conjuguent introduisant la lumière au grès des décisions de
l’artiste. La couleur intervient hors des conventions artisanales. Elle devient un propos à
la rencontre d’un ton, d’une sonorité, pour alimenter une musique au gammes
inaudibles, qui provient des profondeurs.
Soumiya Jalal recherche sa palette à travers les meilleurs fils de laines, de coton, de
cuivre, de ….et libère son propos à l’écoute des émotions ressenties. Elle en tire profit
comme d’un guide, tendant vers l’universel.
L’architecte sait que la chaîne est l’armature essentielle. Elle a appris à tisser au Canada
et revient sur la question en précisant que le tisserand au Maroc est un homme.
Son parcours dans le monde de l’art n’a pas été simple. Car ce qu’elle montre n’est pas
un tableau à accrocher, ni une sculpture immuable. Ce n’est pas non plus une étoffe à
tailler pour se vêtir, se couvrir ou pour tapisser un meuble.
L’art du tissage de Soumiya Jalal cherche à franchir des frontières et devient un
manifeste.
Utilisant un artisanat séculaire masculin pour offrir une berge inédite.
Refusant l’usage premier d’un tissu pour exercer son talent.
Cherchant à sublimer la beauté éthérée du tissage à travers un savoir-faire toujours en
développement.
Mon amie éternelle a toujours refusé d’asservir son art dans la répétition du même.
Invitée dans les grandes expositions à travers le monde, elle ne reproduit pas ce qui a
séduit un galeriste ou un acheteur.
Le « marché de l’art » d’aujourd’hui ne lui offre pas sa juste place.
Il est temps de sortir du mutisme pour défendre cette démarche artistique sans
compromis que j’ai eu la chance d’accompagner durant de longues années.
Selma Zerhouni
Architecte et Conférencière
Fondatrice de la revue Architecture du Maroc
Démarche Créative

J’ai fait l’apprentissage du tissage pour interprétercette part d’universel en moi qui à la fois m’unit au monde et m’ancre dans mon identité d’ une manière essentielle et vitale.
A travers le tissage j’ai le sentiment d interpréter une partition qu’une voix douce et mélodieuse me verserait dans l’âme.
Car choisir de s’ exprimer à travers un savoir faire millénaire c’est se mettre en posture de recevoir du passé pour donner au futur, c’est une position quasi transformante.
Quand à mon inspiration,elle me vient de la pierre.
J’ai découvert que dans la Chine ancienne,les pierres d’aspect insolite,les choses et les êtres sont traversés d’une énergie vitale,du souffle de vie qui désigne à la fois l’air,la vapeur,le souffle et l’énergie.
Si toute la nature m’interpelle aussi bien sous son aspect végétal ou minéral, fluide ou solide,les pierres demeurent une constante dans mon inspiration .
J’ai grandi au Bord de l’ Atlantique et j’ en ai gardé une fascination particulière pour la pierre, sa transformation par l’épreuve du temps, du vent et de la mer, l’étrangeté de sa surface et sa variabilité sous les effets de la lumière et de l’ eau.
La confrontation permanente avec les éléments naturels m’ouvre la voie vers l’autre car nous sommes tous liés par une même essence secrétée par la nature dans ce qu’elle porte en elle d’unificateur et de puissant.
Nous portons tous en nous les mêmes images nées de notre environnement naturel, elles sont le ciment et la base de notre identité.
L’acte de création est donc pour moi un processus de transformation.
A partir de mon état d’architecte, je retourne par mon travail d’artisan aux bases de ce qui a fondé notre patrimoine pour le ramener à une expression rénovée et dénuée de tous préjugés.

Architecte diplomée de l’Ecole Spéciale d’Architecture de Paris, Soumiya Jalal retourne au Maroc où elle exerce pendant quelques années comme architecte, urbaniste et designer avant de trouver sa véritable voie dans la construction textile. Elle se forme au tissage à Montréal et se passionne pour le savoir faire artisanal du fil et ses immenses potentialités techniques et artistiques.
Fascinée par sa nouvelle vocation, elle développe, par des recherches extrêmement poussées, ses connaissances des savoirs faire artisanaux marocains. Elle pratique le tissage qui est le moyen d’expression qu’elle privilégie comme une architecture de matières chinées au gré de ses rencontres : crin de cheval ou de sisal, rafia, ficelles de chanvre, fil de cuivre…qu’elle traite à travers un processus artistique.
Elle participe à de nombreuses expositions au Maroc et à l’étranger, a reçu de nombreux prix et fut décoré par Sa Majesté le Roi Mohamed VI en 2007 pour sa participation active à la dynamisation de l’ Artisanat par le Design..
Citoyenne active, Soumiya milite pour la sauvegarde du patrimoine du fil, du maintien des savoirs faire traditionnels et de leur évolution vers un artisanat et une expression artistique contemporaine pour une présence forte sur la scène internationale.
Soumiya a formé près de 5000 artisans et artisanes à la conservation du savoir faire du fil et à de nouvelles techniques à travers le Maroc.
La transmission de son savoir et de son savoir faire lui apparaît comme une extrême nécessité pour que le tissage artisanal prenne sa place dans l’Art Textile Contemporain à travers le monde..
Galerie
Expositions & Projets
1985 – Après son diplôme d’architecture obtenu à Paris, Soumiya rentre au Maroc et travaille en tant qu’urbaniste jusqu’en 1997.
1997 – Scénographie de l’exposition de Jean Genet à la Villa des Arts à Casablanca.
1998 – Formation en construction textile à Montréal.
1999 – Exposition (Regards sur le design marocain) à l’IMA dans le cadre des Temps du Maroc à Paris. Elle expose sa première collection d’art textile.
2000 – Exposition collective à Bab Rouah, Rabat, Maroc.
Exposition individuelle à l’Institut Cervantès, Casablanca, Maroc.
2001 – Obtient le Prix de l’Innovation au Salon Maison & Objet à Paris.
Exposition individuelle au Musée des Arts Textiles, Barcelone, Espagne.
2002 – Élaboration de ses premières formations de design textile auprès d’artisans au Maroc et à l’étranger.
Exposition de design à Paris, France.
Exposition de design à Saint-Tropez, France.
2003 – Exposition de design à Paris, France.
2004 – Une exposition lui est consacrée par la Fondation ONA à la Villa des Arts, Casablanca.
2005 – Participe à une exposition collective à Rotterdam pour la célébration des 500 ans des relations diplomatiques Hollande/Maroc.
2006 – Projet “La Tela di Aracne” : conférences, ateliers, expositions à Gibellina (Sicile, Italie), Toulon (France), Marseille (France), Rome (Italie), Tunis (Tunisie).
Participe à la Vision 2015 de l’artisanat pour dynamiser le secteur en introduisant la formation en design.
Élabore un projet pilote de design entre la ville de Fès et la ville d’Amsterdam.
2007 – Reçoit de Sa Majesté Mohammed VI la Médaille du Mérite National pour sa participation à la Vision 2015 de l’artisanat.
Élue présidente de l’Association des Designers du Maroc.
Compte parmi les six (Talents à la carte) sélectionnés par Maison & Objet Paris.
Reçoit à Rome le Prix de la meilleure créatrice de la Méditerranée.
2008 – Exposition à (Design Tokyo), Japon.
Exposition collective dans le cadre du Moussem d’Asilah, Maroc.
2009 – Recherche et développement d’échantillons de créations textiles pour la Maison Balenciaga.
Remporte le concours d’architecture de la première école de mode liée à l’Association de l’Industrie Textile au Maroc.
Participe à la création du réseau des associations culturelles chargées d’investir les Abattoirs de Casablanca et aux « Transculturelles » aux Abattoirs de Casablanca.
2010 – Exposition « Alger, Capitale de la Culture Arabe ».
2010 à 2023 – Membre du Grand Jury de la télé-réalité sur l’artisanat Sanaat Bladi pour l’émergence de jeunes créateurs artisans.
2011 – Exposition de design à Paris.
2012 – Exposition collective de design à l’Église du Sacré-Cœur, Casablanca, Maroc.
2013 – Exposition de design à Paris, France.
2014 – Exposition « Maroc Contemporain » à l’Institut du Monde Arabe, Paris, France.
Exposition « Africa Design Days » à Rabat, Maroc.
2015 – Exposition à l’île de Gorée, Dakar, Sénégal.
2016 – Collection d’art textile pour des demeures privées.
2017 – Exposition de collection de design textile à Rabat, Casablanca et Marrakech, Maroc.
2018 – Exposition de collection de design textile à Santiago, Chili.
2019 – Création de collection de design textile à Marrakech, Maroc.
2020 – Exposition (Soulèvement Alter Ego ), Foire 1/54, Marrakech.
2021 – Exposition (Révélations ), Grand Palais, Paris.
2022 – Exposition collective à Milan, Italie.
2023 – Exposition « (Souvenances) à la Fondation Montresso·IF, Marrakech, Maroc.
Exposition « Elles » à la Villa des Arts, Casablanca.
2024 – Exposition au JAAL Resort, Marrakech.
2025 – Expositions dans trois lieux dans le cadre de la Foire 1/54.
Exposition ( Materiae Palimpsest ) au Pavillon du Maroc, Biennale d’Architecture de Venise, Italie.
À propos de l’artiste
Lorsque Soumiya Jalal Mikou obtient son diplôme d’architecte à Paris, c’est tout naturellement au Maroc, sa terre natale, qu’elle y exerce son métier d’architecte urbaniste pendant quelques années avant de reprendre le chemin des écoliers en redirigeant sa vie sur la création textile à Montréal où elle suit une formation à l’Ecole des Métiers d’Art en Construction Textile, pour un come-back remarqué au Maroc.
Loin du carcan de l’architecture, elle exerce maintenant sa véritable passion : la création de textile composée à partir de matières chinées. Particuliers et professionnels s’arrachent ses créations à travers le monde. Véritable experte technique, son talent est aujourd’hui reconnu, afin de créer des pièces uniques pour de prestigieux hôtels, ou des particuliers ayant soif de nouveautés et d’authentisme.
En 2001, Soumiya Jalal Mikou a reçu le Prix de l’innovation de Maison Objet à Paris. Ses créations : des tissus artisanaux réalisés avec des matériaux détournés de leur usage habituel. Du crin de cheval aux fibres naturelles de plantes en passant par des matériaux sorties de leur contexte, Soumiya Jalal Mikou innove sans cesse !
Sa maîtrise de l’architecture et sa grande connaissance de la matière donne à ses créations de l’émotion et une exquise sensualité.
Chez Soumiya Jalal, le passage de l’architecture à l’artisanat s’est fait à partir d’un manque. Du jour au lendemain, elle s’est retrouvée dans une quête qui s’est révélée très vite identitaire. Il n’y eut, à partir de cet instant, plus jamais de rupture dans son approche créative entre l’urbanisme, l’architecture et l’artisanat.
Soumiya est souvent qualifiée par ses pairs de Maalma, le Maitre-artisan, qui fût la clé de voûte de toute construction au temps de l’édification des médinas.
Le choix des métiers du fil s’est imposé à elle. Il est né de son besoin de réparer, de rapprocher deux identités, celle de l’artiste et de l’architecte qui devaient absolument coexister en harmonie.
Elle plonge dans les racines de sa culture aussi loin qu’elle le peut et en ressort à chaque fois au plus près de la modernité. Elle cherche autour d’elle, dans un souk, une droguerie ou une mercerie un bout de quelque chose: ficelle de chanvre, pelote de laine, sisal, ruban de plastique, bolduc, raphia naturel ou synthétique, paille, fil électrique….. Enfin, elle s’installe sur le métier et invente chaque fois de nouvelles manières de créer une texture unique.
In Soumiya Jalal’s work, the bridge between architecture and craftmanship was built from a missing. One day, she woke up in the midst of a quest for identity. From this mo-ment, there was no more break into her artistic process between urbanism, architecture and craftmanship.
Soumiya is often qualified by her colleagues as a «Maalma», the Craftman Master, who was the keystone of all edification during Medinas Time.
The choice of threads craft imposed itself to her. It was born from her needs of repa-ration and conciliation of two identities: the artist’s one and the architect’s one, which should absolutely coexist in harmony.
Then, she dives into the roots of her culture as far as she can and stands out each time closer to modernity. She looks around, in a souk, a drugstore or a mercery, a piece of something: a hemp string, a ball of wool, a sisal, a plastic tape, a Bolduc reel, some raphia, a straw, an electric wire…
Then, she takes place on her weaving loom and generates each time new manners, new ways of creating a texture, a unique piece of textile
.
Contact
Pour toute demande d’exposition, de collaboration, ou pour acquérir
une œuvre, vous pouvez contacter Soumiya Jalal via le formulaire ci-dessous
ou par email.